Fondée sur un accord fondamental de bleu et de rouge, elle offre l’image d’une femme mystérieuse, aux gestes précis et d’une rare élégance. Une Dame associée à un animal dont l’invention remonte à plusieurs millénaires, dans l’écrin de verdure d’une île bleue, entourée d’une faune et d’une flore abondante et variée. La
tenture se compose de cinq pièces évoquant les cinq sens
: La Vue, Le Goût,
L'Ouïe, Le Toucher,
L'Odorat ; ainsi que d'une sixième,
plus complexe par sa composition et sa signification. Celle-ci, dite pièce
de La Dame à la tente, en raison du pavillon derrière elle,
a été également nommée plus simplement A mon seul désir,
du nom de la devise inscrite au fronton dudit pavillon. La découverte Les
différents propriétaires, depuis Jean Le Viste qui la commanda
au cours des années 1480, ont toujours reconnu dans la tenture
un ensemble exceptionnel. Ils ont fait en sorte d’en conserver l’intégralité,
ce qui est unique dans l’histoire de la tapisserie médiévale.
C'est ainsi qu'elles étaient conservées au château
de Boussac. En 1835, l’héritière du château,
devenue par mariage Mme de Ribeyris, se décida à les vendre
à la commune de Boussac. En 1841, au cours d’une séance
de la Commission des Monuments historiques, Prosper Mérimée
signale l’état d’abandon des tapisseries et propose
leur acquisition par la Bibliothèque royale. La subvention accordée
pour restauration fut finalement détournée par la commune
qui l’affecta au seul château. La légende La
tenture était arrivée à Paris entourée d'un
halo de légende et d'épopée. Ces légendes
remontaient sans aucun doute à une époque très ancienne,
probablement à l’arrivée des pièces au château
de Boussac. Le
prince Zizim était l’un des fils de Mahomet II. Celui-ci
avait réussi en 1453 à s’emparer de Constantinople,
dont il fit aussitôt sa capitale avant de poursuivre ses immenses
conquêtes. Il échoua devant l’île de Rhodes,
défendue par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et
mourut peu après, en 1481. Bajazet lui succéda et chassa
aussitôt son frère Zizim qui lui disputait le pouvoir. Ce
dernier trouva refuge à Rhodes auprès du grand maître,
Pierre d’Aubusson. Il fut par la suite transféré de
prison en prison, avant d’être remis au pape et de mourir
en 1495. Il avait trouvé entre temps un refuge provisoire à
Bourganeuf, non loin du château d’Aubusson, dans la demeure
du Grand Prieur d’Auvergne. Il s’y trouvait logé avec
ses femmes, ses compagnons d’infortune, ses trésors. Il y
aurait rencontré Marie de Blanchefort, nièce de Pierre de
Bourganeuf, pour laquelle il aurait eu une grande passion. La réalité : Jean IV Le Viste Les
recherches conduites depuis 1882 sur la famille Le Viste ont abouti à
mieux la connaître et à cerner le commanditaire de la tenture.
Implantés à Lyon dès la fin du XIIIe siècle,
les Le Viste se livrent au milieu du siècle suivant au commerce
du drap et entrent dans l’oligarchie urbaine en se faisant élire
au consulat. En 1458, l'héritier de la famille, Jean IV, se trouve
riche d'un important patrimoine. De plus, il bénéficie de
relations importantes auprès des ducs de Bourbon qui continuent
d'aider les Le Viste dans leur étonnante promotion sociale. Cependant
pour passer de cette noblesse virtuelle à une noblesse graduelle,
le service du roi est indispensable. Il est vraisemblable que le duc de
Bourbon a servi d’intermédiaire auprès de Louis XI.
De fil en aiguille, alors que le roi est mort depuis six ans, Jean IV
est nommé président de la Cour des aides, le 4 décembre
1489. Cette charge en fait un des hauts personnages de l’Etat ;
elle entraîne en principe l’accès à la noblesse. Si
la tenture marque cette obsession nobiliaire, l’inscription funéraire
de Jean IV ne mentionne pourtant aucun titre de noblesse : ardemment souhaités,
ces titres ne furent vraisemblablement pas obtenus. Plus tard les consuls
de Lyon les refusèrent également à Antoine.
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